Vers une transformation socio-écologique, juste et durable

Afin de clore la 1ére année du programme TransformAfrica, le bureau marocain de la fondation Heinrich Böll a organisé un séminaire intitulé « Vers une transformation socio-écologique, juste et durable » s´étant tenu le 29 et 30 Novembre 2018 à Rabat. Ces deux journées ont rassemblé des acteurs et actrices de différents pays africains (Maroc, Tunisie, Afrique du Sud, Kenya, Sénégal et Nigéria) et d’horizons professionnels variés (élu(e)s locaux et membres de l’administration publique, chercheuses et chercheurs, artistes, représentant-e-s de la société civile et membres des bureaux africains de la fondation Heinrich Böll).

Ce séminaire avait principalement pour buts de présenter et discuter les activités effectuées en 2018 dans le cadre du programme, de renforcer le lien entre les participant-e-s au programme et les acteurs et actrices intéressé-e-s aux questions des transformations socio-écologiques en Afrique, et enfin de réfléchir à des stratégies de sensibilisation pour les citoyen-nes et de plaidoyer pour les décideurs/deuses publiques locaux et nationaux. Alors que la seconde journée fut consacrée à la réflexion sur les stratégies de sensibilisation et de plaidoyer, la première journée a laissé la place à la présentation et discussion des différentes activités réalisées courant 2018. Suite à une séance d’introduction des participant-e-s, au cours de laquelle ces derniers ont eu l’occasion de dessiner ce qu’ils entendaient par transformation socio-écologique, la journée s’est divisée en quatre sessions autour des thèmes de l’efficacité énergétique, de la gestion des déchets, du développement urbain et de l’agro-écologie.

La première séance a été consacrée à la question de l’efficacité énergétique au Maroc[1] avec les interventions de Touria Barradi (Professeure à l´école Centrale de Casablanca) et de Samira Lakhlifi de l’Agence Marocaine de l’Efficacité Énergétique (AMEE). Mme Barradi a présenté les résultats d’un sondage mené avec ses étudiants auprès de 204 habitations du quartier de Sidi Maarouf à Casablanca. Malgré l’évolution du cadre réglementaire et stratégique en matière d´efficacité énergétique au Maroc, de nombreuses barrières (financières, expertises, cognitives etc…) viennent freiner les pratiques d’efficacité énergétique au sein des foyers. Mme Lakhlifi est venue compléter cette étude en y apportant un point de vue plus institutionnel, montrant le dynamisme du Maroc en termes d’efficacité énergétique notamment à travers la création de l’AMEE en 2016 et des différents projets et programmes auxquels cette institution participe. Lors de la discussion avec les autres participant-e-s, le contexte Marocain a pu être mis en perspective par rapport à d’autres pays d’Afrique

La seconde session s’est concentrée sur la gestion des déchets au Sénégal et au Maroc.Deux enquêtes sur les pratiques des ménages en matière de gestion des déchets – une à Agadir, l’autre à Dakar – ont été réalisées. La première enquête, présentée par Adams Tidjani (Institut des Métiers de l’Environnement et de la Météorologie), a été menée auprès de 155 ménages d’un quartier de Dakar socialement hétérogène. La seconde enquête, présentée par Chloé Poupeville (Surfrider foundation), s´est étendue sur trois terrains à Agadir et a concerné 105 individus. Bien que l’enquête Marocaine se soit plus concentrée sur l’utilisation de sacs plastiques, les deux études mettent en avant la diversité des déchets triés et la variété des modes de gestion des ordures ménagères. Par ailleurs, les deux études montrent que la modification des perceptions et pratiques doit être complétée par une amélioration des infrastructures (centrales de tris, bennes…). Finalement, les intervenants ont pu discuter avec les participant-e-s, et notamment des reponsables d’administrations publiques locales, sur les stratégies potentielles à suivre pour sensibiliser les populations, notamment dans le cadre de la création d’un guide de bonnes pratiques.

La session suivante a traité de la thématique du développement urbain participatif au Maroc et en Tunisie. La séance fut introduite par Chloé Nanix, consultante indépendante en développement urbain, qui présenta les principaux résultats d’un séminaire organisé par la fondation Böll sur le développement urbain participatif au Maroc. En se concentrant sur la question de l’intégration du genre au sein de l’espace urbain, cette présentation a montré à travers le cas Marocain, la diversité d’actions envisageables ainsi que les différents instruments à dispositions des acteurs de la ville afin de permettre aux citoyens, et notamment aux femmes, de se réapproprier la ville. Ensuite, Olfa Chebaane de la fondation Heinrich Böll à Tunis  a introduits les principaux résultats d’une école d’été sur la participation citoyenne et le développement urbain s’étant tenu en Tunisie, en présentant différentes perspectives pouvant être abordées dans le cadre de projets en lien avec cette thématique (historique, participation publique, litige, cartographie, décentralisation de l’espace urbain et art) Enfin, Sabrina Hakim  a présenté les premiers pas d’une association s’étant fixé comme objectif de développer l’agriculture urbain sur les toits des immeubles de Casablanca. Avec leur premier chantier sur les toits de l’Uzine, un retour d’expérience sur les potentiels et limites d’un tel projet a pu être présenté et discuté avec le public.

 La dernière séance, consacrée à l’agroécologie en Afrique, fut ouverte au public et organisée au sein du cinéma 7ème Art de Rabat. Environ 80 de personnes ont assisté à la diffusion de quatre documentaires consacrés à des projets agroécologiques au Maroc, en Tunisie, au Sénégal et au Nigéria. Tous ces documentaires avaient pour point commun de montrer comment l’agroécologie pouvait apporter une contribution essentielle à l’adaptation au changement climatique mais représentait également un moyen privilégié d’émancipation pour les femmes, plus particulièrement en milieu rural. Suite à cela, les documentaires ont été discutés publiquement dans le cadre d’une table ronde avec des experts de l’agroécologie dans ces différents pays et les réalisateurs. La journée s’est terminé par une réception publique dans le cadre duquel fut présentée une bande dessinée sur la gestion de l’eau au Maroc réalisée par les artistes Ilyas Benabou et Marta Bettenzoli.

Durant cette première journée, une multitude de thèmes ont ainsi été abordés et présentés sous des formats divers (études, vidéo-documentaires, dessins) montrant la richesse des projets et la diversité des méthodes et moyens d’action afin de répondre aux enjeux complexes liés aux transformations socio-écologiques. De nombreux points communs et synergies entre régions et secteurs ont pu être identifiés et discutés ouvrant la voie à une réflexion plus générale sur les stratégies à mettre en place pour une transformation socio-écologique juste et durable pour les années à venir.  

 

[1] La présentation d’une étude ayant été effectuée dans le contexte kenyan a dû être annulée en raison d’un empêchement de dernière minute.