Bien que beaucoup de pays issus de la région MENA sont producteurs et exportateurs d’hydrocarbures, la région est faiblement contributrice aux émissions de Gaz à Effets de Serre (GES).
L’accord de Paris apporte donc une avancée pour la région en général et pour les pays en voie de développement plus particulièrement. Mais certaines réalités structurelles sont difficiles à changer avec ou sans COP.
Ce qui change
Effritement du blocage de l’Arabie Saoudite
Fortement impliquée dans le cadre du groupe des 22 pays arabes lors de la COP 21, l’Arabie Saoudite a vu son influence baisser après l’accord de Paris. Ainsi plusieurs pays du Golfe ou sous zones d’influence de l’Arabie Saoudite ont signé l’accord comme l’Egypte, la Jordanie, les Emirats Arabes Unis, Qatar etc.
Climat sur les agendas
La justice climatique devient un centre d’intérêt pour la région. Après la COP21 et la décision d’organiser la COP22 à Marrakech dans la région MENA, la question climatique – du moins au Maroc – est mise en haut des agendas politiques. Des acteurs de la société civile s’organisent pour participer au débat, comme par exemple la Coalition Marocaine pour la Justice Climatique (CMJC) ou l’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable ». CMJC par exemple initie et soutien plusieurs actions dont la création de coalitions nationales dans d’autres pays de la région et l’organisation de conférences pour la justice climatique dans la région Maghreb-Machrek notamment en Tunisie et en Palestine. Certaines de ces actions sont en coordination avec le Secrétariat d’Etat de l’environnement, le Ministère de l’Environnement et le comité de pilotage de la COP22.
Adaptation soutenue
Avec le programme d’adaptation acté par l’accord de Paris et les financements de 100 milliards de dollars promis à l’horizon 2020, les pays de la région devront profiter de financement important bien qu’insuffisant.
Responsabilité différenciée
En reconnaissant une responsabilité partagée mais différenciée des Etats, c’est-à-dire en fonction des capacités respectives et des contextes nationaux différents, un changement majeur longtemps demandé par les pays en développement a été acté à Paris. Cette avancée pourra impliquer dans le futur la reconnaissance de la dette climatique des pays anciennement industrialisés.
Suivi des engagements nationaux
Plusieurs pays de la région MENA et d’Afrique ont présenté des engagements nationaux plus ou moins ambitieux et plus ou moins conditionnés. Une avancée qui permettra d’inscrire la question des transitions énergétique dans les agenda nationaux.
Contraignant
L’obligation pour les pays développés d’apporter un soutien financier et technologique aux pays en développement pour la mise en œuvre de l’accord oeuvre des perspectives de développement de l’économie verte dans la région.
Progressif
Tous les cinq ans, les pays signataires doivent revoir leurs engagements pour diminuer les émissions de GES. Chaque nouvelle contribution des pays devra intégrer une progression par rapport à la précédente.
Ce qui ne change pas
Dette climatique non assumée
Sans accord sur le volet «pertes et préjudices» dans le cadre de la COP 21, les pays les plus vulnérables aux changements climatiques vont devoir faire face seuls aux effets du réchauffement planétaire. Les pays de la région MENA continueront donc à faire face aux conséquences de la pollution mondiale même si beaucoup d’entre eux sont très peu contributeurs à l’émission de GES.
Région à risque
Malgré l’accord de Paris, les pays pauvres de la région resteront les plus impactés par les effets des changements climatiques notamment les risques de surélévations des niveaux des mers et la désertification. En Afrique du Nord, une des zones les plus arides du monde, les effets des sécheresses sont des plus destructeurs, et beaucoup de pays de cette région font partie des 33 pays les plus vulnérables aux pénuries d’eau. Les populations des pays sud méditerranéens essentiellement concentrées dans les zones côtières risquent d’être les victimes climatiques de demain. Des villes comme Casablanca, Alger, Tunis, Alexandrie sont particulièrement exposées soit plus de 16 millions de personnes.
Urbanisation effrénée des zones côtières
Alors que la région est à risque d’une urbanisation effrénée, surtout a cause de la forte attraction des métropoles côtières riches, les politiques d’urbanisation de la région prennent très rarement en compte les risques climatiques. Entre 1990 et 2020 l’accroissement démographique des côtes méditerranéennes du Maghreb a connu une augmentation de 57% et celles du Proche-Orient de 87%. Ce volet qui devrait être intégré dans les mesures d’adaptation prévues par la COP 21 ne trouve pas encore de déclinaison sur le terrain.
Endettement croissant
100 milliards de dollars ont été promis pour soutenir l’adaptation des pays en développement aux changements climatiques. Mais du fait que les modalités de financement sont restées floues entre dons, aides et endettements, ce programme d’adaptation risque d’être un grand générateur d’endettement pour les pays les plus exposés de la région.
Mode de consommation
Au profit de l’augmentation de leurs revenus les populations de la région MENA découvrent les joies de la consommation de masse. Une découverte sur le tard qui implique une faiblesse de la sensibilisation aux problématiques environnementales et qui font que cette croissance du consumérisme ira en augmentant avec un impact écologique croissant.
Des pays non intéressés
Parmi les pays du Golfe, l’Arabie Saoudite reste l’un des principaux pollueurs de la région et l’un des principaux exportateurs mondial d’hydrocarbure. Après avoir cherché à bloquer l’accord de Paris, le royaume ne l’a pas signé. Une position cohérente de ce pays qui ne veut pas une décarbonatation de l’économie mondiale.
Pollueurs, toujours les mêmes
La COP 21 n’a pas changé le fait que la Chine et les USA restent, avec près de 45% de GES les principaux émetteurs au niveau mondial. Malgré le fait qu’une partie des pays de la région MENA soient parmi les premiers pays producteurs d’hydrocarbures dans le monde, leurs contributions directes au réchauffement climatique restent limitées si l’on exclut l’Arabie Saoudite.