Nos vies ont brusquement changé, jamais l’histoire récente n’a connu un bouleversement pareil mettant en arrêt une activité humaine si bourdonnante.
Nos vies ont brusquement changé, jamais l’histoire récente n’a connu un bouleversement pareil mettant en arrêt une activité humaine si bourdonnante. Sommes-nous en train de vivre le monde du 21ème siècle comme jamais imaginé par la fiction? Ce qui est sûr c’est que la résilience est le maître-mot: comment se relever plus fort tout en s’adaptant à un monde nouveau? Loin des discours fatalistes et génériques ce récit s’engage dans une imagination de la vie en copropriété. L’enjeu est double: d’une part limiter le risque de contamination dans un monde menacé par les virus et de l’autre atténuer le réchauffement climatique qui guette l’avenir de l’humanité et ses écosystèmes.
L’immeuble ou la vie en copropriété, telle qu’elle se présente aujourd’hui est loin d’être adaptée à un contexte de pandémie encore moins aux exigences environnementales. Ceci en raison des espaces partagés entre les voisins et de l’absence d’espace ouvert : les balcons sont pensés à la marge et souvent mal appropriés. Imaginer une villa par famille serait trop difficile en raison de la forte demande en terre agricole que cela nécessitera et qui est à l’encontre d’un avenir écologique escompté. C’est ainsi que nous avons imaginé des tours afin de limiter l’emprise au sol et libérer plus d’espace dans la ville à l’agriculture urbaine, aux forets urbaines et aux jardins. La tour est composée de murs aux panneaux solaires produisant de l’énergie électrique à usage domestique rendant donc l’immeuble autonome en matière énergétique.
Les plateaux d’appartements gravitent selon la course du soleil autour d’un axe central qui reçoit l’ensemble des locaux techniques relatifs au traitement de l’énergie reçue des panneaux solaires.
Chaque appartement est doté d’un ascenseur privatif et est accompagné d’un balcon-terrasse entouré de plantes purificatrices d’air. Le jardinage peut en effet se révéler salutaire au regard de ses effets sur le psychique et le moral. Les balcons-terrasses pourront même être équipés de composteurs et de serres pour les amateurs de potagers urbains.
Pour ce qui est de l’intérieur, le sas de la maison traditionnelle marocaine est de retour. Il servira d’espace tampon entre le monde extérieur pollué et le foyer doux et chaleureux. Il sera équipé d’équipements technologiques de désinfection pour minimiser les risques de contamination du foyer. L’intérieur verra l’apparition d’un lexique nouveau afférent à toutes les nouvelles activités qui se font à la maison : le « bureau » ou la « salle de cours ». Tous deux seront repensés dans une multifonctionnalité ne laissant présager l’ennui ou l’amertume. Car en effet il s’agit d’un mode de vie nouveau et différent.
Afin de mettre en œuvre une telle innovation il faudra l’adhésion et le consentement de l’ensemble des acteurs de la construction, de la planification urbaine et de la finance. En effet, il faudra en premier, un marché demandeur de ce type de produits durables au regard de tous ses bienfaits tant sur l’échelle de l’individu et son bien être que de la planète. Puis un promoteur convaincu par l’intérêt de ce modèle architectural et par le niveau de succès qu’il rencontrera. L’architecte quant à lui laissera grande place à l’imagination pour répondre aux questions de fonction, de confort, d’appropriation et de durabilité.
Toutefois, les planificateurs et gestionnaires de la ville devront repenser une réglementation d’urbanisme plus souple qui favorise la hauteur et incite à l’aménagement et l’exécution de plus d’espace verts. Aussi l’expertise des bureaux d’études et fournisseurs d’équipements est fortement salutaire, car sensibilisés aux enjeux de durabilité et à jour des dernières avancées techniques ils sauront proposer, réaliser et entretenir ces dispositifs s durables. Enfin, cette vision ne sera jamais possible sans des mécanismes de soutien et de financement appropriés. Il s’agira de subventions étatiques et de produits bancaires adaptés pour faciliter l’acquisition de ce type de logements durables et faire du bien à la planète.
Toutefois, au-delà des soucis d’air vicié ou de réchauffement, la marocaine et le marocain ne sauront vivre loin des échanges sociaux si épanouissants. Les terrasses des tours offriront des espaces de « rassemblement » en plein air où peuvent être partagées les activités sportives et culturelles dans le respect des règles de distanciation sociale.