Après le confinement, le Maroc face au défi de la reprise économique

Onze mois après l'éclatement de la pandémie du coronavirus, c'est à une crise aux multiples visages que le Maroc est confronté. La pandémie a induit une commotion profonde sur l'économie nationale, et a lourdement pénalisé le tissu social. Les inégalités ont augmenté, la pauvreté a conquis du terrain et, plusieurs mois après la fin d'un des confinements les plus longs du monde, un pan important de l'activité est toujours à l'arrêt, sinon en état de sous-fonctionnement.

COVID19

Onze mois après l'éclatement de la pandémie du coronavirus, c'est à une crise aux multiples visages que le Maroc est confronté. La pandémie a induit une commotion profonde sur l'économie nationale, et a lourdement pénalisé le tissu social. Les inégalités ont augmenté, la pauvreté a conquis du terrain et, plusieurs mois après la fin d'un des confinements les plus longs du monde, un pan important de l'activité est toujours à l'arrêt, sinon en état de sous-fonctionnement.

La crise peut servir de catalyseur au changement; elle a accéléré des  chantiers sociaux programmés depuis plusieurs années déjà, dont celui de la généralisation de la couverture sociale. Il n'en reste pas moins que l'Etat marocain doit faire avec les moyens du bord: un budget réduit, des institutions politiques ternes, et une approche dirigiste qui, si elle témoigne d'une volonté forte de sortir le pays de l'ornière, ne peut remplacer les processus délibératifs et consultatifs de prise de décision.

La perspective de la tenue d'élections en 2021 n'enchante pas grand monde, et la crainte d'une abstention massive plane sur le calendrier politique.

Malgré cela, le Maroc essaie de tirer son épingle du jeu, notamment sur le plan international: il négocie activement auprès de ses partenaires pour la relance des investissements, et s'attend à un rebond relatif en 2021.

Mornes perspectives pour l'économie

C'est sa pire récession depuis 20 ans que le Maroc prévoit pour 2020. Dans son premier draft de projet de loi de finances de 2021, le ministère marocain de l'Economie et des finances s'attendait à un repli de 5%, et espérait parvenir à une croissance de 5,4% en 2021 pour rattraper cette année maigre.

De tous les scénarios émis par des organismes nationaux ou internationaux, celui du département de l'Economie et des finances était l'un des plus optimistes. Bank Al-Maghrib, la banque d'Etat marocaine, s'attend à une décroissance de 6,3%. Le Haut-commissariat au Plan (HCP), l'institution officielle chargée de la production statistique, de l'analyse et de la prévision, table quant à lui sur une contraction de 5,8%. Enfin, le FMI prévoit une récession de 7% en 2020, avant une reprise de 4,9% en 2021.

Ce n’est que plus tard que le département de l’Economie et des finances a revu ses projections à la baisse. Au moment du dépôt du projet de loi de finances de 2021 au parlement, les prévisions de croissance de 2020 ont été ramenées à -5,8%, et celles de 2021 à 4,8% du PIB, dans l’hypothèse où la contribution de l’agriculture au PIB connaîtrait une embellie de 11% l’an prochain.

Le tourisme, l'un des secteurs les plus touchés, a enregistré une récession de 44,1 % durant les sept premiers mois de 2020, selon le ministère de l'Economie et des finances. Les revenus touristiques représentent près de 7% du PIB du pays. L'agriculture, qui compte pour près de 14% du PIB, a connu un recul de 5.3%, notamment en raison de la sécheresse. L'industrie, surtout automobile, plus fort secteur exportateur de l'économie marocaine et première source de devises du pays, a elle aussi pâti des effets de la crise mondiale: les exportations automobiles pourraient chuter de 16,6% selon les prévisions de Bank Al-Maghrib.

Avec la contraction de l'activité économique nationale, le chômage devrait logiquement grimper. Il devrait dépasser 13% d'ici la fin de l'année selon le département de l'Economie et des finances. L'économie marocaine a perdu près de 600.000 emplois durant le deuxième trimestre de l'année 2020, qui a coïncidé avec la mise en place d'un confinement strict. Le confinement levé, alors que les espoirs tablaient sur une reprise stable de l'activité, celle-ci ne s'est que très légèrement redressé, surtout dans l'agriculture et le secteur secondaire, dans une moindre mesure le secteur tertiaire. Le nombre de faillites d’entreprises devrait se situer aux alentours de 9 770 en 2020 – soit une hausse de 16% par rapport à l’année précédente – mais la situation n’atteindra l’apogée de sa gravité qu’au premier trimestre de 2021, avec une hausse de 25% des défaillances d’entreprises, selon une étude d’impact menée par Inforisk et la Banque Mondiale.

Au chômage enregistré dans les secteurs de l'économie formelle, s'ajoute le déclassement de larges pans de la société dépendant de l'économie informelle, qui pèse plus de 20% du PIB et crée entre 75 % et 89% des emplois au Maroc. Souvent non-contractuels, gagnant des revenus irréguliers, ne bénéficiant pas de filets sociaux, de nombreux travailleurs de l'informel se retrouvent sans emploi ou en situation d'activité réduite, avec des heures de travail et des bénéfices amoindris.

La pauvreté devrait connaître une hausse alarmante. Selon une note stratégique publiée conjointement par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), les Nations Unies et la Banque mondiale en juillet, si le Maroc a réussi au cours des vingt dernières années à réduire la pauvreté monétaire, qui est passée de 15,3 % en 2001 à environ 4,8 % en 2014, la tendance risque de s'inverser. Selon les prévisions des trois institutions, ce taux passera à 6,6% dans l'année en cours. Le pourcentage de personnes vulnérables à la pauvreté et/ou pauvres passera de 17,1 % de la population en 2019 à 19,87% au cours de 2020, ce qui signifie que 1,050 millions de personnes supplémentaires seront touchées par la pauvreté monétaire.

Dans ces conditions, l'Etat marocain a mis en place des aides et des incitations ciblant différents secteurs économiques et catégories de la population. En mars 2020, le roi Mohammed VI avait ordonné la création d'un fonds spécial dédié à la mise à niveau du dispositif médical, au soutien de l'économie nationale, à la préservation des emplois et à l'atténuation des répercussions sociales de la pandémie. Ce fonds avait alors récolté plus de 33 milliards de dirhams (2,7 milliards d'euros) de contributeurs publics et privés. Des aides allant de 800 à 1200 dirhams mensuels (entre 70 et 110 euros) ont été allouées à 4,3 millions de ménages, mais ces aides n'ont pas suffi à endiguer les effets économiques de la crise du coronavirus sur ces populations. Les entreprises, elles, bénéficient de mesures de relance et de remises fiscales, notamment une exonération de l’impôt pour le recrutement des jeunes à partir de 2021.

En août 2020, Mohammed VI avait annoncé un plan de relance économique évalué à plus de 120 milliards de dirhams (11 milliards d'euros, près de 11% du PIB) pour soutenir les secteurs productifs et les PME, la restructuration industrielle, les secteurs émergents et à forte valeur, les infrastructures, l'agriculture et le tourisme. Ce soutien se fera à travers un fonds d'investissement stratégique ainsi qu'un dispositif de prêts garantis par l'Etat, dont 20 000 entreprises ont déjà bénéficié, pour un montant de près de 26 milliards de dirhams (2,5 milliards d'euros). Puis, en octobre de la même année, le roi avait annoncé un projet de généralisation de la couverture sociale. Celui-ci aura  pour objectifs l’extension de la couverture médicale d'ici fin 2022, puis la généralisation des allocations familiales, de l'indemnité pour perte d'emploi ainsi que l'élargissement de la base d'adhérents au système de retraites.

Avec tous ces dispositifs, les dépenses sociales de l'Etat marocain devraient connaître une augmentation significative, si bien que le projet de loi de finances de 2021 prévoit plus de 33 milliards de dirhams (3 milliards d'euros) de dépenses additionnelles, contre 20 à 25 milliards de dirhams (1,8 à2,3 milliards d'euros) de recettes en moins. Pour l'année en cours, le déficit budgétaire a atteint près de 42,8 milliards de dirhams (4 milliards d'euros), soit 7,6% du PIB, contre 28,5 milliards de dirhams (2,6 milliards d’euros) à la même période de 2019. Pour couvrir ses besoins, l'Etat marocain devrait inévitablement se tourner vers l'emprunt extérieur, au risque d'augmenter son taux d'endettement. Depuis le début de la crise, le Maroc a massivement recouru à l'aide et à l'emprunt international. Le pays a emprunté plus de 2,2 milliards d'euros, et a tiré 3 milliards de dollars sur la ligne de précaution et de liquidité du Fonds monétaire international (FMI). En conséquence, la dette publique globale passerait de 80,5% du PIB à 91,7% en 2020, avant de connaître un recul léger en 2021, à 91,1% du PIB, selon Bank Al-Maghrib.

Santé: Taux d'infection à la hausse et personnel médical éreinté

Ces dernières semaines, le taux de contamination connaît une hausse progressive au Maroc. Alors qu’il s’était maintenu à un seuil relativement bas durant le confinement, qui a duré de mars à juillet, il a dépassé la barre des 1000 cas par jour à fin juillet, et a connu une augmentation de 157% en août, en comparaison avec les cinq premiers mois de la pandémie. Au cours du mois de septembre, le nombre de cas actifs fluctuait autour de la barre des 20.000, avec une moyenne de 2035 cas par jour, avant de passer à 25.000 cas actifs durant octobre, avec une moyenne supérieure à 3100 cas par jour. Mais ces chiffres devraient être nuancés car, avec 160 000 tests par semaine, les capacités de diagnostic et de traçabilité du Maroc restent en-deçà des taux réels de contamination. Seules les personnes développant un faisceau de symptômes suffisamment probant ainsi que celles qui ont été en proximité avec elles sont testées. Autrement, elles sont simplement incitées à s’auto-isoler. Une application de suivi a été développée par le département de la Santé, mais n'est que peu utilisée, et n'a donc qu'une utilité marginale.

Une étude de séroprévalence menée par le ministère de la Santé entre mars et août 2020 a mis en évidence un taux de prévalence de 700 pour 100,000 habitants, alors que le taux d'incidence dégagé sur la même période à travers le diagnostic classique n'était que de 172 sur 100,000 habitants. Cependant, ce taux élevé de prévalence peut s'expliquer par un biais d'échantillonnage – les donneurs de sang sont des adultes urbains en bonne santé, et ne sont pas représentatifs de la population générale – comme le relève le site d'information marocain Medias24.

A ce stade, le Maroc parvient tant bien que mal à gérer le risque pandémique. Pour combler l'insuffisance de la capacité litière, des hôpitaux de campagne ont été érigés dans plusieurs villes du royaume. Le système de santé se retrouve périodiquement débordé dans certaines régions, ce qui conduit à l'adoption de mesures de confinement partiel, couplées à un changement du protocole de traitement — soins et suivi à domicile pour les cas les moins graves — dans l'objectif d'alléger la pression sur les hôpitaux. Mais la crainte d'une explosion des cas persiste, notamment en raison d'un relâchement des précautions et des mesures préventives.

L'arrivée de la grippe hivernale pourrait aggraver la situation. Comme avait prévenu le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus en juin dernier, « la co-circulation du COVID-19 et de la grippe peut aggraver l'impact sur les systèmes de soins déjà débordés », et provoquer « une combinaison de problèmes, notamment la réaffectation du personnel et des fournitures et la surcharge des laboratoires ». La grippe hivernale pourrait non seulement saturer la capacité de diagnostic des laboratoires et des hôpitaux en raison d'un recoupement des symptômes des deux maladies, mais elle pourrait également favoriser la propagation du SARS –CoV-2. Une étude de l'Institut Max Planck de Berlin et de l'Institut Pasteur de Paris estime que la grippe hivernale peut multiplier par 2 à 2,5 la transmission du coronavirus lors des périodes de co-circulation des deux maladies. Pour réduire ce risque, le Maroc a lancé, fin octobre, une large campagne de vaccination contre la grippe, gratuite pour les populations les plus pauvres.

Avec 0,7 médecin et 1,3 infirmier pour 1.000 personnes, le Maroc peut difficilement se permettre une hausse des contaminations. Débordés et épuisés par plusieurs mois de lutte contre le coronavirus, médecins et infirmiers épongent les défaillances du système de santé. Mobilisés depuis février dernier, ils manquent souvent de moyens, aussi bien de diagnostic et de traitement, que de protection (masques, gants, désinfectants, etc.). Ils sont également soumis à une charge de travail importante et à un risque de contagion élevé. Ils réclament une amélioration de leurs conditions de travail ainsi qu'une revalorisation des salaires, qui n'ont connu aucune augmentation depuis 14 ans: un médecin du secteur public démarre sa carrière en tant qu'interne avec une paie de 280 euros par mois, et passe à 740 à 800 euros une fois titularisé. Le salaire maximum est de 1500 à 1700 euros par mois. Faute d'avoir obtenu satisfaction, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public menace désormais de recourir à des mouvements de protestations.

Politique: avancées démocratiques minimales et craintes d'une importante abstention électorale

Plus largement, le risque protestataire n'est pas à minimiser dans le contexte actuel. Le coronavirus a amplifié les inégalités économiques et sociales. Dans certaines localités, l'impact et les contraintes liées à la pandémie (restrictions à la mobilité, réduction des horaires de travail, arrêt de certaines activités, etc.) s'additionnent à des problèmes structurels déjà existants (pauvreté, chômage, difficultés d'accès aux soins ou à l'approvisionnement, etc.).

Outre des manifestations 'routinières', menées depuis plusieurs années par des collectifs organisés dont l'occupation de l'espace public s'est banalisé (diplômés chômeurs, syndicat, associations etc.), de nouvelles catégories battent le pavé, surtout dans les périphéries, mais également dans les grandes villes: commerçants, vendeurs ambulants et agriculteurs à Kelaât Seraghna; familles n'ayant pas bénéficié des aides étatiques à Ezzhiliga; traiteurs, serveurs, musiciens d'orchestre et gérants de salles sportives exigeant la reprise de leurs activités à Tanger, notamment. Certaines manifestations sont interdites par les autorités, tandis que d'autres, plus spontanées, sont encadrées quand elles surviennent. De façon globale, les revendications concernent surtout les aides étatiques et certaines règles encadrant, voire interdisant des activités professionnelles durant la pandémie. Ces demandes font souvent l'objet de négociations entre les autorités locales et les groupes protestataires.

Si les autorités locales, qui dépendent du ministère de l'Intérieur, jouent un rôle clé dans la gestion de la crise, les élus ne remplissent qu'un rôle limité. La crise du Covid-19 a conduit à une centralisation de la gestion, au détriment des collectivités territoriales (régions et communes). En 2015, le Maroc avait adopté de nouvelles lois visant à accorder plus de pouvoirs aux communes et aux régions, dans le cadre d'une nouvelle politique de régionalisation avancée. Avec la suprématie de l'échelon central dans la gestion de la crise, les régions marocaines se retrouvent en perte de vitesse. En conséquent, alors que 2020 était pensée comme l'année de l'accélération de la régionalisation avancée, des élus locaux ne manquent pas de dénoncer aujourd'hui une "marginalisation" des conseils élus, et appellent à une remise du chantier sur ses rails. L’Association marocaine des présidents des conseils communaux appelle à ce titre à une réforme de la loi organique relative aux communes, afin de renforcer l'autonomie financière et humaine des conseils élus, ainsi qu'à une spécification des domaines d'intervention des élus et des autorités locales, et à une attribution plus claire des compétences. Le ministère de l’Intérieur a par la suite promis de consolider son appui à la régionalisation avancée, notamment à travers des transferts budgétaires et l’appui à des programmes locaux, dans le cadre de la contractualisation entre Etats et régions. Il en va de même pour la sphère politique. L'exécutif marocain est caractérisé par un bicéphalisme entre une institution monarchique prédominante, et un gouvernement élu, composé d'une coalition pléthorique de six partis et de technocrates nommés par le roi. Que ce soit aux institutions élues (parlement, etc.) ou au gouvernement, les partis politiques se retrouvent déclassés dans la gestion de la crise au profit de départements ministériels et d'établissements publics dirigés par des personnalités nommés par le roi (ministère de l'Intérieur, ministère de l'Economie, police nationale, etc.), confortant ainsi l'idée selon laquelle la sphère politique n'est pas un centre de décision, ce qui risque de conduire à un taux d'abstention important lors des élections prévues en 2021 . De leur côté, les partis politiques ne mettent en avant qu'une faible expertise en matière de gouvernance publique, et ont souvent pêché par une forme de « dessaisissement, volontaire ou non » des questions publiques importantes au profit de la monarchie et des technocrates nommés parle roi, conduisant à un « désenchantement institutionnel » important de la part des citoyens, les institutions paraissant de peu d’utilité générale dans la conduite des affaires publiques.

Concernant la situation des droits humains, des ONG pointent du doigt des restrictions touchant les libertés civiles, et notent qu’en dépit de lois les garantissant, certaines libertés sont peu respectées dans la pratique. Le décret-loi relatif à l’état d’urgence sanitaire punit les contrevenants aux décisions des autorités à une peine d’un à trois mois de prison et/ou d’une amende de 300 à 130 euros. Durant le confinement, 81 489 personnes avaient été arrêtées pour infraction de l’état d’urgence sanitaire, selon un bilan établi en avril par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). 42 967 d’entre elles avaient été déférés devant le parquet. 95% des personnes déférées l’ont été en état de liberté, et 4,83% en état de détention. Selon les données officielles, les personnes placées en détention l’ont été principalement en raison d'autres crimes et délits associés à la violation de l'état d'urgence sanitaire (atteinte aux personnes, vol, trafic de drogue ou violences à l'encontre des fonctionnaires chargés de l'application de la loi). Les arrestations pour violation de l’état d’urgence sanitaire durant le confinement ont souvent eu lieu dans des quartiers populaires surpeuplés, où des familles nombreuses logent dans un même domicile, rendant difficile la coexistence entre différents membres habitués à occuper les lieux à des horaires différents de la journée.

A début mai, 80 personnes accusées d’avoir diffusé de fausses informations sur le coronavirus ont fait l’objet de poursuites judiciaires. L’une d’entre elles, la youtubeuse « Mi Naima », avait été condamnée à un an de prison ferme pour une vidéo où elle affirmait que le coronavirus n’existait pas. Sa peine a ensuite été réduite en appel à trois mois de prison, et elle a depuis été libérée. Des activistes et des journalistes-citoyens ont également été arrêtés pour violation de l'état d'urgence sanitaire.

Impact genre: plus nocif que prévu

Depuis la proclamation de l'état d'urgence sanitaire, le champ associatif s'inquiète de la montée des violences conjugales et familiales; l'environnement domestique est un lieu de violences par excellence, avec une prévalence de 52%, pour près 6,1 millions de femmes touchées, selon l'enquête nationale de 2019 sur la violence à l'encontre des femmes conduite par le Haut-commissariat au plan (HCP).

« Dans les ménages présentant des problèmes de violence familiale, lorsque les stratégies d’isolement ou de quarantaine sont employées, le risque de violence de ce type a tendance à augmenter, tout comme l’exploitation sexuelle. Le COVID-19 sera probablement à l’origine de tendances similaires, comme l’a démontré l’expérience des épidémies d’Ebola et de Zika en révélant une augmentation des taux de violence domestique », s'inquiète ONU Femmes dans une note sur l'impact de l’épidémie sur les femmes et les filles au Maroc. L'organisme onusien cite des premières données en provenance de Chine, qui « suggèrent que l’épidémie de COVID-19 a eu un impact significatif sur les taux de violence domestique, multipliant par trois le nombre de cas signalés à la police locale en février 2020 par rapport à la même période l’année précédente ».

En raison de la hausse signalée de violences faites aux femmes durant l'état d'urgence, le Ministère Public avait émis, fin avril, une circulaire recommandant aux procureurs d'accorder priorité au traitement de leurs plaintes. De leur côté, des ONG ont créé des lignes d'assistance — notamment judiciaire — et d'écoute à destination des femmes violentées.

Malgré ces mesures, les poursuites se sont faites plutôt rares, au point que le volume de plaintes pour violences faites aux femmes enregistré entre le 20 mars et le 20 avril, au plus fort du confinement, s'est établi à un niveau dix fois inférieur à la moyenne mensuelle. Le Ministère Public avait alors mis cette baisse sur le compte de « la stabilité de la famille marocaine, son harmonie et sa volonté de coexistence naturelle, dans le calme, malgré les circonstances difficiles que le Royaume connaît actuellement en raison des impératifs de la lutte contre le Covid-19 ».

La réalité s'est avérée moins romancée. Selon les données recueillies par l'Union de l'action féministe (UAF), une association féministe qui administre plusieurs centres d'écoute et d'assistance au Maroc, les violences ont bien augmenté, mais seules 35,05% des femmes victimes de violences auxquelles l'ONG a prêté assistance ont porté plainte contre leurs compagnons. 7,21% de femmes victimes de violences ont demandé le divorce, et 4,12% ont fui le domicile conjugal pour se réfugier chez leurs familles ou chez le voisinage. 

L'impact de la pandémie sur les femmes ne peut, cela dit, être cantonné à la seule augmentation des violences: il prend différentes formes et se manifeste de façons diverses. Dans des études récentes, le HCP a mis certaines de ces dimensions en lumière.

La saturation du système de soins publics a considérablement réduit l'accès des femmes aux soins aux services de santé sexuelle et reproductive. Quant aux soins généraux, là encore, les femmes sont plus désavantagées: sur l’ensemble des ménages dirigés par les femmes ayant un membre ou plus souffrant de maladies ordinaires, près de 47,5% des ménages dirigés par les femmes ayant un membre ou plus souffrant de maladies ordinaires n’ont pas pu accéder aux services de santé, contre 37,9% des ménages dirigés par un homme, selon le Haut Commissariat au Plan.

Les femmes et les hommes sont aussi différemment exposés aux effets psychologiques du Covid-19. Selon le HCP, les femmes sont plus touchées par les troubles de sommeil que les hommes (26% contre 23%), par l’anxiété (51% contre 49%) et par les troubles dépressifs (9% contre 6%).

La surreprésentation des femmes dans les emplois de la santé fait augmenter le risque de contamination chez elles, toujours selon le HCP: les femmes représentent 58% du personnel médical et 67% du personnel paramédical.

Selon une enquête d'ONU Femmes et du HCP, seules 10% des femmes, contre 35% des hommes, ont bénéficié de l'aide publique de l'Etat ou de l'employeur dans le cadre du programme de soutien aux personnes ayant perdu leur emploi. Cette aide publique a permis aux hommes de compenser 39% de leurs revenus, contre seulement 20% pour les femmes.

Les charges domestiques ont considérablement augmenté pendant le confinement, incombant davantage aux femmes, qui y consacrent en moyenne 4h27 minutes par jour, contre 45 minutes pour les hommes. 

Mises à part quelques enquêtes du HCP et d'ONU Femmes, l'impact de genre précis du coronavirus reste encore à étudier. L'une des problématiques fondamentales étant l'insuffisance des indicateurs sexo-spécifiques dans la statistique nationale.

Une coopération multilatérale limitée, mais un soutien des partenaires traditionnels

Depuis l'éclatement de la pandémie, le Maroc a diversifié son portfolio de partenariats. Il a ainsi, très tôt, sollicité l'expertise de la Chine et noué un partenariat avec le pays pour le développement du vaccin, afin de s'assurer d'être l'un des premiers qui en bénéficient en quantités suffisantes.

L’Union européenne, principal partenaire commercial du Maroc, a fourni le soutien le plus conséquent. Plusieurs aides visant l'atténuation de l’impact économique, sanitaire et sociale de la crise sanitaire ont été débloquées ou annoncées par l'Union européenne au profit du Maroc, pour un total de 450 millions d'euros. La Banque européenne d’investissement a pour sa part accordé un prêt de 200 millions d’euros au Maroc. Ces financements significatifs, alloués au plan national marocain de réponse à la pandémie, ont aidé le royaume à atténuer les effets de la crise du Covid-19.

Le 2 décembre, l'Allemagne a accordé une aide d'un milliard d'euros au Maroc, visant à "atténuer les conséquences sociales et économiques imposées par la crise du Covid-19". Ce financement "devrait apporter une contribution rapide et notable à la gestion de la crise du Covid19 au Maroc, à la transformation durable de l’économie marocaine ainsi qu’à la poursuite du développement des énergies vertes", selon un communiqué de l'ambassade fédérale d'Allemagne au Maroc.

Aujourd'hui, le Maroc a les yeux rivés sur la relance économique du continent européen, et cherche à tirer parti des opportunités qu'elle offre. Début octobre, une visioconférence entre le commissaire européen au voisinage et à l’élargissement Olivér Várhelyi et plusieurs ministres marocains a été l'occasion pour les deux parties d'examiner leurs stratégies de relance respectives. Les représentants du côté marocain ont formulé des propositions pour un partenariat au service d’une "compétitivité partagée" entre le Maroc et l’Union européenne, dans un certain nombre de secteurs jugés prioritaires.

L'objectif du Maroc semble de renforcer la coopération avec l'Union européenne, pour ainsi tirer bénéfice de la relance économique du continent, sans que celle-ci ne se fasse à ses dépens à travers un mouvement de relocalisation de certaines industries. La perspective d'une prochaine révision de la politique européenne de voisinage, qui figure au calendrier politique de l'Union Européenne, motive possiblement le Maroc à renégocier sa place et son rôle auprès de l'UE.

Le premier décembre, lors d'une visite du commissaire européen chargé du Voisinage et de l’élargissement Oliver Varhelyi au Maroc, le ministre marocain de l'Economie et des finances Mohamed Benchaâboun a officiellement sollicité le soutien de l'Union Européenne au Fonds Mohammed VI pour l’investissement, créé pour piloter la relance économique du royaume. Mohamed Benchaâboun a suggéré que l'appui européen permettrait de promouvoir la diversification des sources d’approvisionnement de l'Europe, dans le cadre d'une refonte des chaînes de valeur mondiales. Varhelyi a promis un nouveau plan de partenariat économique Maroc-UE d'ici le printemps prochain.

Outre la continuation d'un certain nombre de programmes en cours, le Maroc semble vouloir multiplier les axes de partenariat. Le Green Deal de l'Union Européenne, qui vise la neutralité carbone en 2050, semble séduire le Maroc, qui souhaiterait ainsi renforcer et rentabiliser ses investissements en énergies vertes.

Les relations maroco-américaines, elles, sont soumises à un agenda différent. Si elles connaissent une certaine stabilité, elles sont enchâssées dans un jeu d'intérêts diplomatiques et politiques fortement dépendant des changements dans l'administration américaine.

Le soutien américain au Maroc durant la pandémie est resté relativement limité. En mars dernier, le gouvernement des États-Unis avait mobilisé 670 000 $ du fonds de réserve d’urgence pour les maladies infectieuses contagieuses de l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) pour soutenir les efforts du Maroc contre la propagation du COVID-19 au Maroc. En avril, la US Defense Threat Reduction Agency a fait donation de matériel de protection au personnel de santé en première ligne.

La coopération entre les deux pays semble davantage tournée vers les aspects sécuritaires et militaires. Plusieurs officiels américains, dont le secrétaire à la Défense Mark Esper, ont visité le Maroc ces derniers mois, dans l'objectif de contribuer à la modernisation des moyens de l'armée marocaine. Les officiels américains ont également insisté sur la nécessité d'une nouvelle feuille de route pour la coopération militaire entre les Etats-Unis et le Maroc. Confronté à d'importants défis économiques durant la phase de reprise économique, le Maroc semble être demandeur d'investissements américains. En octobre, une délégation conduite par le PDG de la US International Development Finance Corporation Adam Boehler a visité le pays pour discuter investissements et résilience face au Covid-19.

Acteur actif dans plusieurs organisations internationales, le Maroc semble déçu par la très faible contribution des organisations multilatérales dans la gestion de la pandémie.

Le coronavirus a fait apparaître des défis auxquels de nombreux pays ont fait face, de façon globale, en rangs séparés. Cette situation a quelque peu désenchanté le multilatéralisme aux yeux de la diplomatie marocaine. « Les instances multilatérales à l’instar de l’ONU doivent aujourd'hui être encouragées, gagner en efficacité et se libérer de l’anaphore rhétorique et des discours politiques », a déclaré l'ambassadeur du Maroc à l'ONU Omar Hilale au journal Maroc Diplomatique.

« Le monde a visiblement vécu un déficit de concertation entre les États pour faire face aux impacts multidimensionnels de la pandémie (sanitaire, humain, économique, écologique…) Cela illustre un énorme manque à gagner dans la manière de faire valoir le multilatéralisme à l’heure de la Covid-19 », estime-t-il.

L'ambassadeur du Maroc à l'ONU s'inquiète aussi de la montée du nationalisme, de l'isolationnisme et du repli sur soi de plusieurs pays. « Au sein de l’ONU, plusieurs pays ont pris des décisions unilatérales pendant cette crise sur des questions diverses, à un moment où les choix des politiques devraient être conduits d'une manière plus concertée et consolidée entre les acteurs internationaux ». Pour l'ambassadeur, ces problèmes, symptomatiques d'une crise du multilatéralisme, gagneraient à être résolus afin de refonder le multilatéralisme sur des bases plus pragmatiques, solidaires, opérationnelles et durables.

Selon Hilale, la crise pandémique peut être une opportunité pour les relations internationales. « La solidarité internationale a connu une redynamisation dans le contexte de la pandémie, soutenue par des financements orientés Covid et des appels aux dons essentiellement pour aider au traitement des malades et la prévention des nouvelles contaminations ». À moyen terme, l'ambassadeur espère que cette expérience internationale soit « un moteur de renforcement non seulement des systèmes de santé et de la coopération scientifique médicale, mais essentiellement une chance et une opportunité pour la solidarité internationale face aux drames globaux, liés aux migrations, le changement climatique, la famine et l'extrême pauvreté, les atteintes aux droits de l’Homme et les économies au bord de l'asphyxie ». En résumé, les leçons de la gestion du Covid-19 devraient, à l’avenir, fournir des guidelines sur la façon de conduire des actions coordonnées face à d'autres phénomènes globaux tout aussi pressants.

En tant que président du segment des affaires humanitaires du Conseil économique et social de l'ONU (ECOSOC), le Maroc avait lancé, en juin dernier, un appel à l'action qui a reçu un support de 171 pays et de deux organisations régionales, l'Union européenne (UE) et l'Union africaine (UA). Cet appel demande un renforcement de la coopération pour contrôler et atténuer la pandémie, à travers des actions concrètes et un financement rapide et flexible, sans que ces financements ne remplacent ou détournent des ressources allouées à la réponse à d'autres besoins humanitaires sans rapport avec le Covid-19.

L’appel invite également États Membres à travailler en étroite collaboration avec l’ONU, à faciliter la fourniture d'aide humanitaire, et incite au respect de l'appel au cessez-le-feu mondial émis par le secrétaire général de l'ONU António Guterres. 

Il est plutôt rare qu'un diplomate marocain s'exprime publiquement sur une telle question. Cette sortie médiatique témoigne des attentes élevées du Maroc vis-à-vis des acteurs internationaux pour surmonter la crise pandémique mondiale. Pays grandement dépendant de son environnement international, aussi bien en matière d'aides et de prêts que d'investissements, le Maroc voit en le manque de coopération actuel une opportunité manquée qui lui aurait permis, ainsi qu'à d'autres pays en voie de développement, de mutualiser le coût de la crise.

Conclusion:

Si le Maroc parvient à maintenir le taux de contamination à un niveau gérable, le principal défi est, désormais, celui de la reprise économique: remettre certains secteurs sur les rails, générer des emplois et attirer des investissements font partie des priorités du pays.

En cette phase de reprise, le Maroc semble désormais vouloir s'insérer davantage dans le jeu des échanges mondiaux. La pandémie a épuisé le budget d'Etat, et compte tenu des dépenses prévues en 2021, le Maroc pourrait chercher à lever des fonds au niveau international l'an prochain. En raison du climat social fragile et des risques associés, la nouvelle politique sociale que prévoit d'initier le pays semble être une priorité, et nécessitera des financements conséquents.

Le Maroc, s'il compte s'arrimer à la reprise économique de l'Europe, sera probablement affecté par le ralentissement de son principal partenaire commercial. Mais pour peu que les relocalisations restent des « effets d'annonce », l'impact économique ne risque pas d'être élevé, estime Selin Özyurt, économiste senior chez Euler Hermès-Allianz, dans une interview avec le site d'information Le360.ma. L'économiste considère que le contexte actuel offre des opportunités à moyen et à long terme pour le Maroc, en particulier la transformation écologique en Europe, l’Allemagne ayant déjà commencé à explorer les possibilités de production d’hydrogène vert en Afrique.

De l'avis de Ahmed Azirar, directeur des études du think-tank Institut Marocain d’Intelligence Stratégique (IMIS), la reconfiguration des chaînes de valeur en Europe, si elle ne va pas dans le sens de la relocalisation, pourrait constituer une opportunité pour le pays, dans la mesure où les industriels européens souhaiteraient réduire leur exposition à l'Asie du Sud-Est en investissant dans une base géographique de proximité.

Sur le plan politique, le faible rôle des institutions et des instances élues dans la gestion de la crise pandémique risque de conduire à un fort taux d'abstention lors des élections prévues l'an prochain. La très faible adhésion citoyenne au jeu politique produit des effets négatifs sévères: perte de confiance dans les institutions représentatives, désaffection pour la politique instituée et, in fine, multiplication des mouvements sociaux: l'idée selon laquelle la politique conventionnelle est définitivement bloquée et ne peut que difficilement impulser du changement s'affirme avec force au Maroc. Le champ politique faisant partie des principaux espaces de médiation entre l'Etat et la société, sa paralysie fait de la rue une arène de prédilection des groupes souhaitant faire aboutir leurs demandes.

Au cours des précédentes années, l'Etat marocain a ainsi pu évaluer l’inefficience de sa politique de développement, ainsi que les limites de ses chantiers sociaux. La priorisation d'un nouvel agenda social, si elle ne conduira pas mécaniquement à une amélioration de la condition sociale de millions de familles marocaines, devrait a minima leur permettre d'avoir des filets sociaux et améliorer leur prise en charge par l'Etat.

Sur la problématique du genre, les efforts fournis par le Maroc restent très limités et se heurtent à plusieurs obstacles, notamment en raison d'un sous-diagnostic de l'ampleur du problème, ce que la rareté des statistiques ventilées par genre illustre bien. La mobilisation des ONG féministes qui, grâce à leur activisme, sont parvenues à inscrire cette question dans l'agenda public, devrait bénéficier d’un meilleur appui institutionnel.

Enfin, le système de santé est confronté à des problèmes structurels (sous-financement, sous-équipement, nécessité de revalorisation des salaires du personnel médical, etc.) que seule une réforme de fond peut résoudre.

 

Sources:

●       Note d'orientation du chef du gouvernement pour la préparation du projet de loi de finances de 2021.www.cg.gov.ma/fr/autres-activites/orientations-pour-lelaboration%C2%A0du-projet-de-loi-de-finances-2020%C2%A0

●       Bank Al-Maghrib, Conseil du 22 septembre 2020, communiqué de presse :www.bkam.ma/Communiques/Reunion-du-conseil/2020/Reunion-du-conseil-de-bank-al-maghrib-22-septembre-2020

●       HCP, Budget exploratoire de 2021:www.hcp.ma/Budget-economique-exploratoire-2021_a2569.html

●       IMF, World Economic Outlook, Octobre 2020: https://www.imf.org/en/Countries/MAR

●       Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du Ministère de l'Economie et des Finances, Note de conjoncture, no. 281, Juillet 2020:http://depf.finances.gov.ma/etudes-et-publications/note-de-conjoncture/#dflip-df_8029/3/

●       Ministère de l'Economie et des finances, projet de loi de finances de 2021: https://www.finances.gov.ma/fr/vous-orientez/Pages/plf2021.aspx

●       Amin Bennouna, 32 semaines de Covid-19 au Maroc: La vitesse de contamination a bien passé un pallier, Eco Actu, 12 Octobre 2020: https://www.ecoactu.ma/64994-2/

●       Yousra Jaa, Les médecins du public annoncent une grève de 48 heures, Medias24, 12 Octobre 2020: https://www.medias24.com/les-medecins-du-public-annoncent-une-greve-de-48-heures-13493.html

●       MAP, L'AMPCC propose l'amendement de la loi organique 113-14 relative aux communes, 5 Octobre 2020: http://www.mapexpress.ma/actualite/societe-et-regions/lampcc-propose-lamendement-loi-organique-113-14-relative-aux-communes/

●       HCP, Enquête sur l'impact du coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages, Juillet 2020: https://www.hcp.ma/Enquete-sur-l-impact-du-coronavirus-sur-la-situation-economique-sociale-et-psychologique-des-menages-Note-de-synthese_a2506.html

●       United Nations, As COVID-19 Death Toll Exceeds 400,000, Economic and Social Council Urges Member States to Ensure Flexible Humanitarian Funding, Quicker Entry for Health Personnel at Borders: https://www.un.org/press/en/2020/ecosoc7020.doc.htm

●       Youssef El Jai, Le Maroc post-covid-19 doit croquer la mondialisation à pleines dents, Policy Center For The New South, Avril 2020: https://www.policycenter.ma/opinion/le-maroc-post-covid-19-croquer-la-mondialisation-%C3%A0-pleines-dents