Reportage sur l’importance d’adopter l’agroécologie au Maroc
«L’avenir du Maroc et sa sécurité alimentaire pourront être assurés par l’agroécologie ». Selon Rachida Mehdioui, présidente du Réseau des Initiatives Agroécologiques au Maroc (RIAM), il faut d’abord y croire. D’un côté, comme le rappelle cette membre du RIAM, « l’agroécologie n’a rien inventé ». Elle reprend un certain nombre de pratiques anciennes qui avaient été sacrifiées au profit de la modernisation et de l’industrialisation agricole. Au Maroc par exemple des populations paysannes pratiquent, encore aujourd’hui, une agriculture traditionnelle sans intrants chimiques et qui respecte le rythme des saisons ainsi que la biodiversité naturelle. Cette classe paysanne est toutefois marginale (ou marginalisée) dans le contexte de transition agricole actuel. D’un autre côté, l’étude scientifique et l’innovation technique et numérique dans le domaine agricole permettent de mieux s’adapter aux changements climatiques et aux besoins des populations. Par ailleurs, tandis que l’agriculture traditionnelle sert principalement un besoin familial ou communautaire, l’agroécologie renvoie à des pratiques et des modes de production agricoles qui respectent consciemment l’environnement et un certain sens de l’équité socioéconomique. Depuis quelques années, les modes de cultures visant le respect de la nature et de la santé sont en train de se diversifier et de s’enrichir d’une dimension nationale, politique et militante, à la faveur d’une adhésion croissante par la société marocaine.
Deux principaux sous-modèles ont émergé : le premier s’inscrit dans le modèle industriel et ambitionne, à travers une certification biologique, de passer d’un marché de niche à un marché émergent. Le second est pratiqué par de petits paysans et des néo-ruraux à des fins principalement vivrières et de commercialisation à petite échelle.
Cet article propose de bien définir et de faire un point sur l’état de l’agroécologie au Maroc. Réalisée à partir d’une série d’entretiens menés auprès des agroécologistes ainsi que d’une recherche bibliographique approfondie, cet article a pour objectif de susciter une réflexion élargie sur le sens normatif de l’agroécologie comme modèle agricole, mais aussi comme mode de consommation responsable, modèle économique durable et instrument de revendication d’une identité solidaire et développementaliste.