L’Afrique est le continent qui présente le pourcentage le plus élevé de pays ayant mis en place des interdictions d’utilisation de produits en plastique. Mais divers facteurs d’ordre économique, législatif ou social conduisent aujourd’hui à un bilan en demi-teinte.
L’augmentation des produits et des déchets plastiques touche tous les continents. En Afrique, les facteurs qui expliquent ces évolutions sont multiples : apparition d’une nouvelle classe moyenne, disparition des magasins et marchés traditionnels et de l’artisanat au profit de la grande distribution et des produits industriels, manques ou défaillances des infrastructures de gestion de déchets.
Les déchets plastiques représentent non seulement un problème environnemental pour les pays africains, mais aussi un défi majeur pour le développement socio-économique ; ils affectent négativement le tourisme, la santé, la qualité de l’eau, des sols, et des infrastructures. Le manque d’eau potable ne fait qu’aggraver le problème, car dans de nombreuses villes africaines, l’eau potable est conditionnée dans des sachets à usage unique et des sacs en plastique.
En réponse à ce problème de pollution plastique, de nombreux pays africains ont incité les décideurs à promulguer des lois pour régler le problème du plastique. Actuellement, l’Afrique est le continent avec le pourcentage le plus élevé de pays avec des interdictions relatives à l’utilisation du plastique (34 pays sur 54). Mais les législations sont loin d’être harmonisées, et les décisions d’interdiction du plastique dans certains pays n’ont pas d’impact à grande échelle car il y a encore beaucoup de pays où la production et la consommation du plastique sont encore importantes.
L’Afrique du Sud et le Rwanda ont été les pionniers. Le Rwanda est un exemple classique d’engagement environnemental « top down ». En 2002, l’interdiction de certains sachets a été effective en Afrique du Sud. La fabrication, le commerce et la distribution commerciale de sacs en plastique, en film plastique, destinés à être utilisés dans le pays, d’une épaisseur de paroi inférieure à 80 micromètres, sont interdits. Au Kenya, l’interdiction est entrée en vigueur en 2017 sur l’utilisation, la fabrication et l’importation de tous les sacs en plastique. Ensuite, de nombreux pays (Gabon, Somalie, Botswana, Tchad, Cameroun, RD Congo) ont suivi cette tendance qui a eu un effet de vague sur tout le continent.
L’Assemblée législative de l’Afrique de l’Est a déjà adopté le projet de loi 2016 sur le contrôle des matériaux en polyéthylène. Lorsque ce projet de loi sera pleinement mis en oeuvre, l’utilisation des sacs en plastique sera totalement interdite par la loi dans toute la Communauté de l’Afrique de l’Est. Les pays d’Afrique de l’Ouest comme le Mali, la Mauritanie, le Togo, la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Niger, la Gambie et le Sénégal sont également impliqués dans le processus car ils ont des lois pour l’interdiction des sachets plastiques à usage unique avec des degrés variables de succès. C’est également le cas du Nigeria qui avait annoncé une interdiction des sacs en plastique en 2013 et du Cap Vert qui avait fait l’annonce depuis 2015 pour sa mise en oeuvre en janvier 2017. Dans la plupart de ces pays, l’interdiction dépend du type de produit (film plastique, sachet, épaisseur en micromètres, etc.).
D’autres pays (Ghana, Éthiopie, Érythrée, Somalie, Malawi, Lesotho, Maurice, Ouganda, Soudan et Tanzanie) ont également décidé d’interdire ou de limiter leur utilisation.
Malgré ces lois et réglementations, sur l’interdiction des sachets plastiques, il y a encore des différences quant au contenu de l’interdiction et à l’applicabilité de ces lois. L’écart dans l’application de la loi est illustré par la consommation estimée de plastique pour l’ensemble du continent en 2015. Cette consommation était d’environ 19,5 Mt avec une grande variabilité d’un pays à l’autre. Compte tenu de la croissance prévue des économies, de la population humaine et de la production plastique, les importations sur le continent africain devraient doubler d’ici 2030 selon les prévisions si rien n’est fait.
Il devient donc urgent d’élaborer des stratégies harmonisées à l’échelle régionale avec des plans d’action qui intègrent des mesures dissuasives pour les importations, la production et l’utilisation du plastique. Ainsi les lois et règlementations adoptées par les pays africains pourraient être appliquées de manière efficiente et permettraient ainsi une réduction de la consommation de plastique en Afrique.