L’agriculture intensive est le type d’agriculture le plus pratiqué au Maroc et dans le monde. Elle est caractérisée par une utilisation importante d’intrants chimiques, pesticides et engrais de synthèse. Face aux nombreux effets secondaires causés par les pesticides, il est urgent d’explorer les alternatives à l’utilisation de ces derniers. L’agriculture biologique et l’agroécologie présentent des alternatives viables pour la cultivation de produits sains, tout en protégeant l’environnement et la santé des agriculteurs.trices.
L’agriculture biologique, qu’est que c’est ?
L’agriculture biologique est une très bonne alternative, qui peut remplacer successivement l’agriculture conventionnelle basée sur l’utilisation de produits chimiques. C’est un système de gestion globale de la production qui exclut l’utilisation d’engrais et de pesticides de synthèse et d’organismes génétiquement modifiés. Il permet aussi de réduire au maximum la pollution de l’air, du sol et de l'eau, et optimise la santé et la productivité de communautés interdépendantes de végétaux, d’animaux et d’humains.
Une nouvelle étude publiée en 2017 affirme qu’il est possible de nourrir plus de 9 milliards d’êtres humains en 2050 avec 100 % d’agriculture biologique, à deux conditions : réduire le gaspillage alimentaire et limiter la consommation de produits d’origine animale.
L’agriculture biologique est devenue l’un des piliers de la nouvelle stratégie agricole « Generation Green ». En effet, le Maroc vise de passer de 14.000 à 100.000 Ha à l’horizon 2030. Mais la route est encore longue. Il faut avant tout trouver des mesures appropriées pour soutenir les agriculteurs qui sont prêts à convertir leur production conventionnelle. « Pour un.e agricultrice/eur traditionnel, passer de l’agriculture conventionnelle à l’agroécologie n’est tout de même pas facile. Il faut avoir un sol qui n’a pas été trop abimé par le labour et les intrants, et qui possède une fertilité naturelle. Il faut avoir un capital pour tenir le temps de la transition. Il faut avoir des connaissances et des réseaux de commercialisation étendus » note Prof Yousra ABOURABI dans son rapport sur l’importance d’adopter l’agroécologie au Maroc.
Il est également important de citer que les intrants biologiques (traitement et engrais) sont jusqu’à maintenant plus cher que les produits chimiques. Les rendements sont également inférieurs à ceux des cultures conventionnelles – mais bien sûr plus sains.
L’agro-écologie, qu’est que c’est ?
L’agro-écologie est un autre moyen très efficace pour réduire l’utilisation des pesticides. Ce moyen va au-delà des standards de l’agriculture biologique et s’appuie sur une approche holistique intégrant les sciences agronomiques, les sciences écologiques, et les sciences humaines et sociales. Nous avons demandé à Mme Rachida Mehdioui, présidente du réseau des initiatives agro-écologiques au Maroc (RIAM), de nous parler de ce mode. Mme Mehdioui et ses collègues du RIAM ont adopté des pratiques agro-écologiques qui favorisent l'agro-biodiversité. Grâce à cette agro-biodiversité, ils ont mis en place un écosystème en équilibre, où le besoin de tous types de traitement est très faible.
Mme Mehdioui pense que les maladies sont un symptôme et pas une cause ou un problème, il faut toujours chercher la vraie cause d’un déséquilibre. En cas de maladies, en agroécologie, on fait appel à des remèdes naturels à base d'extraits de plantes qui sont très efficaces. Mme Mehdioui constate que la grande majorité des marocains sont malheureusement très peu conscients des conséquences ou impacts des produits chimiques sur la santé humaine et encore moins sur l'environnement.
D’un autre point de vue, le point faible de ce mode était, jusqu’à peu, l’absence de certification. Le système repose surtout sur la confiance entre l’opérateur et le consommateur. Pour y remédier, le RIAM a récemment lancé le SPG, Système de garantie participative, pour créer plus de crédibilité dans ce mode de production. Selon l’IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements), ce système certifie les producteurs sur la base de la participation active des acteurs concernés, et est construit sur une base de confiance, de réseaux et d’échanges de connaissances.
Quelles méthodes complémentaires existent-ils pour réduire et supprimer l’utilisation de pesticides ?
La lutte intégrée :
La lutte intégrée consiste en la prise en considération exhaustive de toutes les techniques de lutte disponibles contre les organismes nuisibles puis en l’intégration des mesures propres à enrayer le développement des populations d’organismes nuisibles. Elle associe les stratégies et les pratiques de gestion (culturale) biologique, chimique et physique propres à chaque espèce pour favoriser la production de fruits et légumes sains et limiter autant que possible l’emploi de pesticides, contribuant ainsi à réduire et à atténuer les risques que les pesticides présentent pour la santé humaine et l’environnement.
Au Maroc, de plus en plus producteurs adoptent ce mode de protection. L’utilisation des prédateurs antagonistes naturels et des parasitoïdes est devenue très fréquente dans les serres de la production de la tomate dans la plaine de Souss Massa.
Il faut citer 2 défis liés à ce mode de contrôle :
- C’est un mode plutôt préventif et devient moins efficace dans les stades avancés des attaques.
- Dans un environnement moins naturel comme les serres, Il est toujours difficile de trouver un équilibre entre les ravageurs et les prédateurs.
Les bandes florales :
Liées à la lutte intégrée, le semis des bandes fleuries vivaces à l’abri des cultures améliore considérablement la diversité végétale et la fourniture de nectar et de pollen pour les ennemis naturels. Cela augmente considérablement l'efficacité de la lutte biologique contre les prédateurs et les parasitoïdes.
Les rotations agricoles et les engrais verts :
La monoculture se définit tout simplement par la consécration de terrains agricoles à produire la même culture. Ce mode de production rend les espèces très fragiles face aux attaques des nuisibles et des maladies, ce qui augmente davantage le besoin aux traitements phytosanitaires. Les monocultures deviennent des espaces agréables d’adaptation pour des adventices associés à un seul type de plante.
Les rotations agricoles et la culture des engrais verts peut éventuellement réduire les populations des nuisibles. L’alternance et la succession de plantes de différentes familles bloquent le cycle de vie de certains ravageurs, chose qui réduit le besoin aux traitements chimiques.
Les extraits de plantes :
L’utilisation des plantes pesticides sous forme d’extrait ou d’huile est devenue une bonne alternative pour limiter à long terme l’application des pesticides. Par exemple, l’application d’extraits de margousier (Neem) sur des cultures de tomates permet notamment de diminuer la sévérité des infections par les champignons, de limiter l’éclosion des œufs des lépidoptères, ou de modifier la fécondité ou le comportement de certains insectes. Les populations de chenilles ou de pucerons sont moins importantes sur les parcelles traitées de cette façon que sur les autres.